Pascal Lacrocq d’Ivresse présente : « Nostradamus les dernières confidences »

Le visage de Pascal Lacrocq d’Iverneresse ne vous est pas inconnu ? C’est normal. Acteur, comédien, réalisateur, cet homme est un caméléon, un artiste protéiforme.

Féru d’histoire et d’ésotérisme, Pascal Lacrocq d’Iverneresse aime aussi déambuler dans les couloirs du temps.  Il prend alors la plume pour retranscrire le fruit de ses recherches. Après le livre « Des Cathares aux Francs-maçons », il présente aujourd’hui son dernier livre « Nostradamus, les dernières confidences », aux éditions Edilivre. L’occasion de plonger avec lui dans la vie du célèbre Michel de Nostredame et de mieux apprivoiser ce grand personnage de l’histoire.

Pascal Lacrocq d’Iverneresse donnera une conférence lors du Festival Nostradamus, qui se tiendra les 19 et 20 mars à Salon de Provence.

 

De nombreux livres ont été consacrés à Nostradamus. En quoi votre ouvrage « Nostradamus, les dernières confidences » est-il différent ?

Je voulais donner à Nostradamus un visage beaucoup plus humain.

De nombreux récits traitent des prophéties de Nostradamus mais peu relatent la vie de ce personnage.

Le principe narratif que j’ai choisi – en faisant parler Jean de Chevigny, son secrétaire particulier qui l’a accompagné durant les dernières années de sa vie- m’a permis de donner une certaine distance au récit, tout en offrant une vue assez large sur l’homme.

À travers cet ouvrage, je me suis attaché à faire comprendre qui était Nostradamus, comment il fonctionnait dans la vie de tous les jours et quelle était l’énergie de l’époque dans laquelle il a évolué.

Je vis à Salon de Provence, ville où a vécu durant de nombreuses années Nostradamus. J’ai mis mes pas dans ses pas. Son âme est toujours dans cette cité.

J’ai pu avoir accès au centre de documentation Nostradamus, qui se trouve au Musée Nostradamus. Chaque jour, je suis parti à la recherche d’informations historiques, j’ai également pu échanger avec de fins connaisseurs.

Grâce à ce travail, j’ai pu constater quelles étaient  les zones d’ombres du personnage. J’ai alors mis en lumière les faces méconnues de Nostradamus. Ce livre a donc pour  vocation de conjuguer la précision historique avec l’humanité de Nostradamus.

Deux années de travail auront été nécessaires pour donner vie à cet ouvrage qui, me semble- t-il, est unique en son genre.


Vous mettez à l’honneur Jean de Chevigny. Qui était-il ?

Jean de Chevigny était originaire de Beaune et il est arrivé sur le tard dans la vie de Nostradamus. Il l’a rencontré une première fois à Aix- en- Provence alors que Nostradamus, médecin,  luttait contre la Peste qui s’abattait sur cette ville.

Nostradamus était très sélectif dans ses relations avec autrui. Après cette première entrevue, il a convié Jean de Chevigny à Salon- de- Provence. Un lien basé sur la confiance s’est tissé naturellement.

Jean de Chevigny a ensuite fait de nombreux séjours dans la maison de  Nostradamus. Il est entré dans l’intimité de l’homme et rapidement, il s’est retrouvé à ses côtés. Il l’a accompagné dans les années les plus difficiles de sa vie. Nostradamus était en effet vieillissant, il était malade (il souffrait notamment de crises de goutte très douloureuses), et il passait beaucoup de temps à relater ses prophéties. Jean de Chevigny l’a aidé dans son quotidien, il a écrit ses pensées. En un mot, il l’a porté jusqu’au bout.

À noter qu’une polémique existe autour de Jean de Chevigny. À la même époque, il existait un homme qui répondait au nom de Jean M.de Chavigny. Souvent ces deux personnages ont été confondus or ils étaient deux êtres très différents. Leur écriture n’était pas la même, ainsi que leur orthographe et leur signature.

Après la mort de Nostradamus, le vrai Jean de Chevigny, qui était quelqu’un de discret, est resté dans l’ombre. Il aspirait à une ville tranquille.

Il n’a donc pas écrit de livres sur Nostradamus, alors que le fameux Jean M.de Chavigny, que certains ont accusé d’être un usurpateur, a publié des écrits sur les prophéties de Nostradamus. D’où une certaine confusion entre ces deux personnages.

Mais pour conclure, le vrai Jean de Chevigny est resté d’une fidélité totale à celui qu’il a tant aidé, et une fois que son mentor a disparu, il a quitté la scène pour terminer sa vie en toute quiétude. Il n’était pas un homme de lumière.

 

 

Nostradamus a noué un lien très fort avec la Reine, Catherine de Médicis. Parlez- nous de cette relation, qui a finalement porté l’un et l’autre…

La Reine était toujours entourée de mages et d’astrologues. Elle était très ouverte sur l’autre réalité de la vie. Elle avait aussi une profonde inquiétude sur le devenir de la dynastie à laquelle elle appartenait. Pour calmer cette angoisse, elle faisait souvent appel à des visionnaires pour avoir un regard sur les temps futurs.

En ce temps- là, Nostradamus publiait de nombreux almanachs. Il délivrait de nombreuses informations comme « quelles sont les meilleures périodes pour telle ou telle culture agricole ? ». Et puis au fil des pages, il distillait ici et là quelques présages. Un jour, Catherine de Médicis a lu un almanach dans lequel Nostradamus prédisait, en langage voilé, la mort d’Henri II, son mari. Elle a été interpellée.
Poussée par la curiosité, elle a décidé de rencontrer Nostradamus. Celui-ci s’est rendu au château des Tuileries, à Paris, tant bien que mal d’ailleurs car il souffrait beaucoup en raison d’une crise de goutte terrible. Durant cette entrevue, le courant est passé. Il y a eu je crois, un coup de cœur affectif entre eux.

Mais Nostradamus n’est pas rentré chez lui serein. Il disait : « J’ai peur qu’on me coupe la tête ». Il avait en effet « vu » de nombreuses choses qui pouvaient lui coûter la vie. Il savait que toute vérité n’était pas bonne à dire…

Nostradamus a entretenu une correspondance très riche avec la Reine. Il admirait la Reine pour son caractère volontaire et pour sa manière de vouloir construire les bases de l’avenir pour les générations futures.

En entrant dans les coulisses du pouvoir, il avait le sentiment de pouvoir éclairer les grands de ce monde. Vous savez, avant toute chose, Nostradamus voulait mettre en garde l’humanité sur les dérèglements provoqués par l’homme. C’était sa vraie mission. Il croyait en la récurrence des phénomènes.  Il savait que l’humanité devrait faire face, dans son futur, à des périodes sombres.

En se rapprochant des êtres de pouvoir, il sentait qu’il pouvait aider certaines personnes à ouvrir les yeux sur le devenir même de l’humanité. Sans doute pensait-il qu’il pouvait contribuer à éviter les fléaux à venir. C’était un homme d’une grande bienveillance malgré son caractère un peu bourru (sourires).

L’année 1564 a été marquée par la visite de Catherine de Médicis à Nostradamus, à Salon de Provence. Il a savouré ce moment. Il était reconnu  et apprécié par la Reine de France. De quoi faire taire tous ceux qui le critiquaient et qui l’accusaient à demi- mot d’hérésie !
Nostradamus a toujours eu cette inquiétude quant à d’éventuelles accusations de sorcellerie. Il a toujours réussi à jongler entre son devoir de vérité et cet instinct de protection.

Nostradamus avait un pouvoir sur les personnages les plus illustres de son époque mais il ne les  manipulait pas, il ne calculait pas cette emprise naturelle. Nostradamus était un homme profondément honnête. Il l’a d’ailleurs prouvé en mettant sa vie en danger lorsqu’il allait soigner les malades de la Peste (alors que de nombreux médecins de l’époque n’ont pas voulu être aux côtés des malades), il a participé au  financement des travaux d’irrigation du Sud de la France…Il était proche des gens. Il avait le cœur ouvert mais bien entendu, il pouvait faire peur avec son côté d’ « ours mal léché ».

Parlons des prophéties de Nostradamus, qui devraient concerner notre siècle. De nombreux livres traitent d’un ton alarmiste de ses écrits. Qu’a-t-il réellement prédit ou décrit ?

Lorsqu’il parlait des siècles à venir, Nostradamus expliquait qu’il se méfiait des gouvernants car ceux- ci risquaient de mal utiliser ses prophéties. Certains auraient même pu les passer sous silence, de peur qu’elles ne dévoilent des choses trop graves…

Nostradamus disait aussi que seule l’histoire confirmerait ses dires.

On retrouve d’ailleurs ses propos dans  « La lettre à César », qu’il a adressée  à son fils. Ce n’est pas un hasard s’il a mis autant d’énergie à coder ses écrits. Il était convaincu que l’Homme n’était pas prêt à entendre…

Dans ses  prophéties que nous retrouvons dans « Les Centuries », Nostradamus annonce plusieurs phases importantes pour l’homme du troisième millénaire.

Il a clairement désigné une date –  1999- qui devait marquer l’arrivée d’un « grand roi de terreur ». Puis une invasion devrait venir de l’Est, du Nord, de l’Italie et de la méditerranée.

Il a décrit ces modes d’invasion, les villes qui devraient être meurtries, les rôles et les erreurs des politiques qui noueront des alliances désastreuses, le choc entre les religions…Toutes ces informations sont traitées dans des quatrains différents.

Des crises économiques, des guerres civiles, des confrontations devraient donc avoir lieu. Notre pays devrait être touché par la famine, ce qui laisse présager un désastre humanitaire Il a aussi écrit que la guerre sera à son apogée lorsqu’un astre chevelu  apparaîtra dans le ciel, à proximité de la Petite Ours. Alors, un grand « roi »jaillira sur la scène politique européenne, et il réussira à rétablir la paix après de longs efforts.

Je pense que nous pouvons résumer les prédictions du IIIème millénaire ainsi, sans tomber dans l’interprétation ou le sensationnel.  De nombreux livres, écrits par des « experts » ont proposé de nombreuses traductions pour le moins fantaisistes.

Je crois qu’il faut arrêter de jouer la carte de la spéculation. Nostradamus a annoncé des faits (même si sur ces centaines de prophéties, 9 seulement ont été datées précisément), il a surtout mis en garde les hommes des générations futures.

Il nous a conseillé de faire attention à ne pas tomber encore une fois dans nos travers car ils se répètent de siècle en siècle (repli sur soi, communautarisme, rejet de l’autre, alliances politiques désastreuses, destruction de la planète…)

Nostradamus nous invite finalement à deux choses capitales : à arrêter de faire semblant de ne pas comprendre, et à arrêter de reporter à demain ce que l’on nous a prédit hier….

 

Livre : « Nostradamus, les dernières confidences », éditions Edilivre

Pascal Lacrocq d’Iverneresse a réalisé en 2015 le documentaire « Nostradamus, les dernières confidences ».

 

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La Rédaction

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