Un esprit brisant des objets, un fer à repasser volant: une Française qui avait accusé un fantôme d’avoir saccagé sa demeure s’est retrouvée mercredi devant le tribunal de Metz.
Un expert-psychiatre a conclu à l’irresponsabilité pénale de cette femme de 57 ans en invoquant une fragilité mentale mais le ministère public a requis mercredi une contre-expertise: le psychiatre ayant analysé Chantal H. n’est autre que son médecin traitant. Le tribunal correctionnel de Metz dira le 12 novembre s’il autorise cette contre-expertise ou s’il renonce aux poursuites.
L’accusée a rapporté que «l’esprit frappeur» s’était manifesté le 20 août dernier par un téléviseur renversé, vitres et assiettes brisées, un fer à repasser volant ou encore des statues renversées dans le jardin de sa maison d’un quartier pavillonnaire de la petite commune d’Amnéville. En pleine torpeur estivale, avec des propriétaires paniqués, plusieurs pseudo-témoins et des policiers embarrassés, tous les ingrédients étaient réunis pour que les médias locaux se saisissent de l’affaire, attirant une foule de curieux, «chasseurs de fantômes» et autres «spécialistes» du paranormal.
«S’il y a un fantôme dans cette affaire, c’est le délit»
Mais trois semaines plus tard, l’enquête de police concluait à une intervention humaine. L’analyse d’une vidéo prise par un témoin avait notamment permis de voir dans un miroir le reflet de la propriétaire en train de lancer un objet. Placée en garde à vue mi-septembre, Chantal H. reconnaissait avoir saccagé elle-même la maison durant une crise de nerfs, tandis que son mari était mis hors de cause.
C’est lui qui avait porté plainte contre X pour dégradations volontaires. «Ce n’est même pas ma cliente qui a porté plainte. S’il y a un fantôme dans cette affaire, c’est le délit», a plaidé l’avocat de la prévenue, Me Thomas Hellenbrand. Pour lui l’abandon des poursuites est une évidence: «Est-il normal que les policiers enquêtent quand on affirme qu’on a un poltergeist chez soi? Si les policiers ont voulu y croire, ils n’ont qu’à s’en prendre à eux-mêmes. Ils auraient dû se rendre compte bien plus tôt qu’il y avait un problème chez ma cliente».
Le regard vague, dos voûté et tremblante de peur, Chantal H., présente à l’audience, a gardé le silence. Elle et son mari, retraité, sont «des gens très simples, quasi analphabètes» qui n’étaient pas capables de relire correctement leurs dépositions à la police, selon leur avocat, pointant également des vices de procédure.
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