Confessions d’une voyante

Rose-Anne VICARI illustre par son histoire personnelle, différentes formes de dérives possibles quand la misère frappe durement à votre porte. D’un braquage de commerce à l’exercice de la voyance, tout est possible lorsqu’un individu acculé se retrouve au pied du mur.

Toutefois, le lecteur ne doit pas en conclure trop rapidement que la voyance serait un créneau fructueux qu’aurait choisi de nombreux praticiens pour survivre ou pour, plus simplement, finir les fins de mois difficiles. Le cheminement de Rose-Anne VICARI n’est heureusement pas fréquent dans la corporation des voyants. Son analyse de la fonction sociale du voyant, et des rouages de la profession, ne sont pas non plus représentatifs de la manière dont se passent réellement les choses !

Pour autant, ces trajectoires regrettables existent, et nous avons décidé de jeter la lumière sur ce genre de faits divers qui pourraient prêter le flan à un amalgame malheureux dont nous aimerions nous passer !

Rencontre avec une histoire peu commune…

 

Il y a deux ans, étranglés par les dettes, Rose-Anne Vicari est devenue voyante par téléphone. Aujourd’hui, cette Marseillaise de 54 ans publie un livre sur un business dont elle dénonce les ficelles. 

Vous avez exercé le métier de voyante par téléphone pendant deux ans. Comment prédisiez-vous l’avenir ?

Depuis mon adolescence, je tirais les cartes très ponctuellement pour des amis. Alors, je me suis lancée. Quand des clients me posaient des questions sur leur avenir sentimental, le travail ou l’achat d’une maison, je réussissais la plupart du temps à tomber juste. Cela me confirmait mes soi-disant dons. J’ai pratiqué pendant un moment en toute bonne foi. 

Si une femme vous demandait si son mari la trompait, vous étiez capable de lui répondre ?

J’essayais de cerner la situation. Je la faisais parler pour vérifier ce que je sentais. Je décrivais l’entourage. Et quand je ne savais pas, j’orientais la discussion.

Pourquoi avoir arrêté ?

Au fur et à mesure, je m’apercevais que j’utilisais régulièrement les mêmes termes. Mes prédictions se ressemblaient toutes. Cela a commencé à me déranger. Je me suis aussi aperçue que c’était dangereux. Une femme m’a appelée parce qu’elle voulait mettre fin à ses jours. Je me suis retrouvée obligée de lui dire ce qu’elle voulait entendre, pour éviter le pire. Je ne supportais plus l’idée de profiter de la misère psychologique des autres. C’était un cas de conscience. Aujourd’hui, je ne le fais même plus pour mon entourage.

 

« Des gens se ruinent

pour une consultation de voyance. »

 

Combien payaient les clients pour une consultation ?

En moyenne, cela leur coûtait trois euros la minute, et ils restaient environ 30 minutes. Je me souviens d’une personne qui avait laissé 500 euros dans une journée.

Et vous, combien étiez-vous rémunérée ?

Quand je donnais des consultations via un service téléphonique surtaxé, j’étais rémunérée 4,80 euros de l’heure, et en fonction du nombre de clients en attente. Je gagnais 500 à 600 euros sauf pendant les périodes fastes comme Noël, où je pouvais aller jusqu’à 900 euros.

Ensuite, j’ai travaillé pour une plateforme de voyance et là, je percevais un pourcentage qui représentait jusqu’à 45 % de ce que payait le client. Je gagnais entre 1000 et 1500 euros par mois.

 

« Denoncer cet abus de confiance »

 

À vous entendre, tous les voyants sont des escrocs ?

À mes yeux, il y a plusieurs catégories de personnes parmi ceux qui se disent voyants : il y a des escrocs, et puis il y a ceux qui le font pour gagner leur vie. Mais il y a aussi des illuminés qui ne se remettent jamais en question.
 

Pourquoi avoir écrit ce livre maintenant ?

Pour dénoncer cet abus de confiance et cette manipulation mentale. Des gens se ruinent, brisent leur couple, et les plateformes s’enrichissent. Cela permet aussi à ces entreprises de récupérer des données sur la vie privée des clients. C’est une mine d’or. Je suis en colère par rapport à tout ce que j’ai pu percevoir dans ce secteur.

 

 

Vous lisez encore votre horoscope ?

Non, même plus. Je sais trop comment cela fonctionne. Tout est simplement fait pour que chacun s’y reconnaisse. 

Vous aviez déjà publié un livre en 2011, dans lequel vous racontiez votre tentative de braquage d’un bureau de tabac « par nécessité ». Vous aviez écopé d’un an de prison avec sursis.

Oui, j’étais la maman braqueuse, comme m’ont surnommée les médias. Après le premier livre, je suis restée en contact avec les éditions Max Milo, qui m’ont recontactée pour que je raconte mon expérience.

 

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La Rédaction

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